Recherches
Développement et adaptation des jeunes
Les troubles de comportement (par exemple l’agression physique et les comportements d’opposition) chez les jeunes sont l’une des principales raisons menant les familles à consulter les services d’aide en psychologie ou d’aide sur le plan scolaire. Les travaux de recherche en psychopathologie développementale ont permis d’établir que les jeunes présentant des troubles de comportement forment un groupe hétérogène. Par exemple, l’insensibilité émotionnelle, caractérisée notamment par une faible empathie et un faible sentiment de culpabilité, a été identifiée comme étant un facteur associé au développement des troubles de comportement plus persistants et plus graves. L’insensibilité émotionnelle a d’ailleurs été ajoutée comme critère de spécification du trouble des conduites dans la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5; American Psychiatric Association, 2013). Les jeunes ayant des troubles de comportement avec de l’insensibilité émotionnelle, comparativement à leurs pairs sans insensibilité émotionnelle, pourraient notamment moins bien répondre aux stratégies d’intervention plus traditionnelles, comme par exemple le retrait (« time-out »). La bonification des connaissances quant aux différents groupes de jeunes ayant des troubles de comportement (avec ou sans insensibilité émotionnelle par exemple) a le potentiel de mener au développement et à l’implantation d’interventions préventives et thérapeutiques mieux adaptées aux forces et vulnérabilités de ces jeunes.
À cet effet, les travaux réalisés par Nathalie Fontaine et son équipe portent sur le développement des troubles de comportement chez les jeunes, les facteurs de risque et de protection et les autres difficultés pouvant être associées à ces troubles sur le plan de la santé mentale, telles que la dépression et les problèmes de consommation. Les travaux du CEDAJ portent notamment sur le développement des troubles de comportement et de l’insensibilité émotionnelle chez les jeunes, leurs influences génétiques et environnementales ainsi que les réponses neuronales associées à ces symptômes. Les résultats de ces travaux suggèrent notamment que les jeunes ayant des troubles de comportement et de l’insensibilité émotionnelle, comparativement à leurs pairs ne présentant pas ces caractéristiques, sont plus enclins à manifester divers problèmes d’adaptation à travers le temps, comme des difficultés dans leurs relations avec leurs pairs et de l’impulsivité. Nos travaux basés sur l’analyse d’un échantillon de jumeaux suggèrent aussi que des facteurs génétiques seraient sous-jacents à l’insensibilité émotionnelle élevée et stable chez les garçons. Chez les filles, toutefois, des facteurs environnementaux, plutôt que génétiques, expliqueraient un niveau élevé et stable de l’insensibilité émotionnelle. En outre, nos résultats de recherche suggèrent que les jeunes ayant de l’insensibilité émotionnelle auraient une plus faible réactivité neuronale (notamment mesurée par des techniques en imagerie cérébrale) lorsqu’ils sont exposés à des stimuli émotionnels (par exemple, la détresse chez les autres), comparativement aux jeunes qui ne présentent pas d’insensibilité émotionnelle.
Afin d’examiner le développement des troubles de comportement à travers le temps, diverses banques de données, dont les banques de données du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP; www.gripinfo.ca), sont utilisées. En outre, notre équipe recueille aussi des données auprès de jeunes enfants (3-4 ans) ainsi qu’auprès d’adolescentes fréquentant des écoles à Montréal ou suivies par le Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire. Nous nous intéressons notamment à la façon dont les jeunes perçoivent les émotions chez les autres (par exemple, leur capacité à reconnaître les émotions) en lien avec leur profil d’adaptation.
Ce contenu a été mis à jour le 22 octobre 2024 à 12 h 08 min.